De: "Théoneste Rwemalika"
Dr Emmanuel Mwiseneza,
Vous écrivez ceci :
1. « Le génocide de plus d'un million de personnes est une chose horrible, qui, malheureusement n'est pas une preuve que Mr Bagosora est le cerveau du génocide, quand bien même il le serait, encore moins une preuve que les réseaux zéro, escadrons de la mort, Akazu etc, ont réellement existé ».
Je prends bonne note de votre tentative désespérée de vouloir refaire l’histoire, en défendant un criminel notoire et en voulant refaire sur le net un procès contradictoire passé en force de chose jugée, et je compatis sincèrement.
2. « D'ailleurs certains anciens opposants au régime Habyarimana ( Shingiro Mbonyumutwa et Munyandekwe Anastase notamment ), ont témoigné à Arusha et ce, sous serment, que le mot Akazu par exemple était leur propre invention dans le but de déstabiliser le régime Habyarimana ».
Mais qui a dit que le mot Akazu était une invention du Président Habyarimana ou de ses proches ? Et d’ailleurs, qu’on l’appelle « Akazu », « Cercle Très Fermé », « Entourage », « Les Proches », là n’est pas la question car tout pouvoir de n’importe quel pays de ce monde a nécessairement un Akazu. Tout autre chose est lorsque cet Akazu s’adonne à des activités criminelles, notamment en planifiant et en organisant le génocide des Tutsis.
3. « D'où d'ailleurs je renouvelle ma question que vous avez escamotée: Pourquoi le TPIR avec tous les moyens humains et matériels dont il dispose, ne parvient-il toujours pas à mettre la main sur les planificateurs du génocide? »
Mais, qu’appelez-vous exactement « planification », cher ami ? Car je vous signale qu’un génocide est soit « planifié », soit « spontané ». Or, l’on sait maintenant que le génocide des tutsis n’est pas dû à une colère soudaine et non maîtrisée de la population suite à l’assassinat du Président Habyarimana. Et sur ce point, le TPIR a établi qu’une planification et une organisation minutieuse du génocide a été opérée pendant le génocide, soit par le Gouvernement des Abatabazi, soit par des Officiers des FAR, soit par des dirigeants locaux.
Dans le cas où vous feriez référence à une planification antérieure au 6 avril 1994, je voudrais vous rappeler que le TPIR est simplement un tribunal, uniquement mandaté pour rendre justice. Par conséquent, l’établissement d’une planification antérieure au 6 avril 1994 aurait été superfétatoire, sachant que les preuves de planification dont le TPIR disposaient étaient suffisamment accablantes.
4. « J'ai simplement voulu dire que la volonté du FPR à sauver des vies (en suspendant provisoirement la guerre), aurait permis de tester la volonté des FAR à traquer et à arrêter les tueurs ».
Non cher ami, n’essayez pas de modifier vos propos, car vous aviez exactement dit que si le FPR avait « stoppé net la guerre », cela aurait permis aux FAR « de s'attérrer à combattre les tueurs et à protéger les civils se trouvant sur le territoire sous leur contrôle ». Le verbe « tester » n’est donc qu’un ajout de votre part pour vous sortir d’affaires.
Et d’ailleurs, depuis quand la réalité de la volonté des FAR d’arrêter le génocide dépendait-elle de l’arrêt de la guerre par le FPR ? Etes-vous donc entrain de cautionner le chantage criminel des FAR qui conditionnaient l’arrêt du génocide par l’arrêt de la guerre par le FPR ? Au demeurant, la volonté réelle des FAR a suffisamment été « testée » pendant le génocide. Elle a été testée lorsqu’ils ont assassiné les politiciens de l’opposition et leurs familles ; elle a été testée lorsque les FAR ont plusieurs fois eu la parole à la Radio sans exiger la fin du génocide et elle a été testée à Bisesero, Murambi et Gisagara lorsque les FAR ont porté renfort aux Interahamwe pour massacrer les Tutsis alors qu’ils avaient pu se défendre jusqu’alors.
Il est donc inutile de faire le candide en faisant semblant de douter encore sur la volonté réelle des FAR pendant le génocide.
Bonne journée.
Rwemalika Théoneste
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