Bonjour Monsieur Jean Bakidihe,
Je vous remercie infiniment pour nous avoir fait part de ce travail du Doctorant Maurice Niwese, car ce sujet de l’identité nationale me tient tout particulièrement à cœur, notamment parce que j’ai eu aussi à préparer un petit travail sur ce sujet, lors de mes études universitaires.
D’entrée de jeu, je peux déjà vous dire qu’il n’y a aucune crise d’identité au Rwanda, puisque la seule identité nationale valable est partagée par chacun de nos compatriotes. Il s’agit de notre identité rwandaise, caractérisée par une langue, une culture, une histoire ou même un paysage. Ensuite, s’agissant de ce qu’on appelle communément « ethnies » au Rwanda, il faut reconnaître que la situation parait beaucoup plus complexe.
En effet, l’on sait qu’une identité nationale se compose de deux éléments complémentaires : (1) des critères objectifs d’identification et (2) un sentiment d’appartenance à un groupe. Sur ce point, il est communément admis qu’un groupe, certes caractérisé par des critères d’identification objectifs mais qui n’a aucun sentiment national, n’est pas une nation viable. A l’inverse, un groupe qui, certes, a sentiment d’appartenance national mais qui n’a aucun critère objectif d’identification, ne peut être une nation.
Et le cas des « ethnies » rwandaises se situe dans cette dernière catégorie. L’identité « nationale » hutue et l’identité « nationale » tutsie sont des mythes pour la simple et bonne raison qu’elles ne se basent sur aucun critère objectif d’identification (territoire, culture, langue, histoire). Cependant, cette identité-là existe bel et bien et il faut en tenir compte, ne fût ce que par le simple fait qu’elle a abouti à de terribles conséquences pour la cohésion et l’unité nationales.
Devant ce constat, trois (3) écoles de pensée peuvent s’opposer : (1) celle qui préconise une création de critères objectifs d’identification, afin qu’ils fassent d’une identité artificielle, une véritable identité nationale ; (2) celle qui préconise la prise en compte de cette identité, sans se prononcer sur son caractère artificiel, car ne reposant sur aucun critère objectif et (3) celle qui préconise une éducation visant à éliminer une identité artificielle et imposée, et donc, à éradiquer un sentiment d’appartenance à un groupe n’ayant aucune réalité objective.
La première école de pensée peut paraître cohérente car voulant proposer une sortie à cette impasse. Cependant, la création artificielle d’un territoire ou même d’une culture, irait à l’encontre d’une création naturelle et évolutive d’une nation. En outre, il serait aberrant de répondre à une identité artificielle, par la création de critères artificiels d’identification. La deuxième école de pensée ne règle rien car elle maintient le statut quo et ce sentiment d’appartenance ne reposant sur aucun élément objectif d’identification. La troisième école de pensée est la plus cohérente et la plus juste car voulant éliminer une identité artificielle, pour promouvoir la seule identité nationale valable ; l’identité rwandaise.
Cependant, on ne peut éradiquer une identité, même artificielle, par un coup de baguette magique ou même par une suppression des ethnies sur les cartes d’identité. C’est pour cela que le Gouvernement de la République du Rwanda a privilégié une éducation « nationale » à long terme, tout en élaborant des règles interdisant la discrimination « ethnique » et celles préconisant l’ « unité nationale » dans les fonctions politiques.
Sur ce point, une fois que cette identité artificielle sera définitivement vaincue, il ne sera, à moins avis, plus nécessaire de prévoir des règles interdisant la discrimination ethnique ou des règles préconisant l’unité nationale dans les fonctions politiques. En effet, l’unité nationale, d’un point de vue « ethnique », ira évidemment de soi.
Bonne journée.
Rwemalika Théoneste
20 mai 2009
vendredi 22 mai 2009
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